Un paysage familier, rendu inquiétant par des distorsions "psychédéliques" et des couleurs sombres et intenses.Les repères sensoriels et moraux (haut / bas, gauche / droite, allumé / éteint, sonore / silencieux, ami / ennemi) sont bouleversés. Les formes sont flottantes, nuageuses, illisibles, primordiales et chaotiques, amorphes. Au premier plan, un personnage désarmé, nu, innocent, comme échappé clandestinement d'une bande dessinée, est saisi dans sa contemplation du paysage. Miroir du spectateur, de l'artiste, de l'enfant, il est tour à tour peint en contemplation, en prière, dansant ou jouant de la trompette. Dans les tableaux les plus sombres, il dérive dans des eaux glacées, paralysé par la peur. A chaque fois, il tente et échoue à intérioriser le chaos qui l'entoure, à l'absorber et se laisser absorber par lui, à le com-prendre, c'est à dire à le prendre avec lui. Ces tableaux renvoient à la perte de l'innocence, au paradis perdu, à l'impossibilité de reconstruire un récit une fois révélé le chaos du monde. 

Qui saura lire les nuages ?